Les particuliers, et plus précisément les étudiants, ont de plus en plus de mal à louer un logement. Pourquoi ? Deux facteurs majeurs sont cités par les experts pour expliquer la diminution de l’offre locative : la montée en puissance des locations meublées pour le tourisme et la baisse de l’accession à la propriété. Décryptage !
Entre surenchère de demandes et raréfaction de l’offre
Le marché locatif s’emballe. En effet, les propriétaires sont submergés par les sollicitations de locataires potentiels, les candidats à la location peinent à trouver un logement et la liste des demandeurs de logements sociaux s’allonge de manière alarmante. Les symptômes d’une crise du marché locatif ne cessent de se multiplier ces derniers mois. Bien que cette crise ne soit pas nouvelle, elle s’est considérablement aggravée, comme le souligne Pierre Madec, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (Ofce) et spécialiste du logement : « La crise du marché locatif est structurelle, mais elle s’est accélérée ».
D’après Directe Location avis, plusieurs facteurs ont contribué à réduire l’offre locative privée : le développement rapide des locations meublées destinées au tourisme, l’introduction de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui a incité à rediriger l’épargne vers d’autres types d’investissement, entraînant des ventes de logements. Sans oublier l’entrave grandissante à l’accession à la propriété.
L’essor des meublés de tourisme en France
Les meublés de tourisme fleurissent à travers la France, réduisant significativement le parc de logements autrefois disponibles pour une location classique. Si ce phénomène a d’abord touché Paris et d’autres grandes métropoles comme Bordeaux, il s’est rapidement propagé le long du littoral, de la Bretagne au Pays Basque. D’après l’Agence d’urbanisme Atlantique et Pyrénées (AUDAP), les annonces de locations de meublés de tourisme dans la communauté du Pays Basque (comprenant 24 communes) ont grimpé de 130 % entre 2016 et 2020, passant de 7 150 à près de 16 440 offres. A Lorient, le nombre de meublés de tourisme a également triplé depuis 2016, avec plus de 700 recensés en 2019.
Du côté de La Rochelle, en Charente-Maritime, on estime à environ 7 000 le nombre de meublés de tourisme, soit une augmentation quasiment triplée en seulement deux ans ! En plein cœur de ville, près de la mairie, ces meublés de tourisme représentent 30 % de l’offre de logements, tandis que dans le quartier des Minimes, populaire auprès des établissements d’enseignement, ils constituent 22 % de l’offre.
Réduction de l’offre locative
L’offre locative a subi un coup supplémentaire avec le recul notable des ventes de logements dans l’ancien, un phénomène nouveau et préoccupant. En Île-de-France, par exemple, les ventes ont plongé de 22 % au 1er trimestre 2023 en comparaison avec la même période de 2022, selon les chiffres de la Chambre des Notaires. L’explication ? L’augmentation des taux d’intérêt a poussé un grand nombre de particuliers à abandonner leurs projets d’acquisition immobilière. L’Observatoire Crédit Logement rapporte ainsi une chute vertigineuse de 40 % du nombre de prêts bancaires accordés au 1er trimestre 2023 par rapport au 1er trimestre 2022.