En temps normal, peu de gens viendront remettre en question, défier ce qui est aujourd’hui un véritable consensus, à savoir l’importance de la culture dans la société. De la mise en lumière de l’humanisme au maintien du lien social, en passant par la transmission du « patrimoine » intellectuel, difficile de contester le rôle social de la culture… Seulement voilà, la vie n’est pas un long fleuve tranquille et, en tant que telle, elle est régulièrement ébranlée par des crises économiques que certains qualifient de systémiques. Et à ses heures, on en revient aux fondamentaux, aux besoins basiques que sont le logement, voire la nourriture pour certaines franges de la population, d’où le débat sur la « superficialité » de la culture dans un tel contexte, et de ses institutions particulièrement coûteuses. Certes, les Français sont des « animaux » culturels, d’avides consommateurs d’art et de littérature, mais il est tentant de contester, en temps de crise, la culture qui semble relever du luxe, du superflu. La culture n’en reste pas moins un pilier de la société… Décryptage !
Un rôle multidimensionnel et évolutif
Elément vital et dynamique de toute société, la culture se révèle un peu partout, à travers nos histoires, nos fêtes, notre passé, et même dans nos divertissements et notre vision de l’avenir. Au fond, c’est la toile de fond de notre expression créative, qui nous aide à définir et à comprendre le monde via le prisme de l’autre.
Parlons définition. Généralement, la culture est définie comme tout le corpus de valeurs, croyances, us, coutumes, objets et comportements qui caractérisent une société ou un groupement humain. Sans que l’on s’en rende forcément compte, la culture est cet aspect qui, au quotidien, façonne nos identités individuelles et collectives, influence notre comportement et forge notre sentiment d’appartenance. Pour autant, la culture n’est en aucun cas figée, mais plutôt évolutive, au gré de divers facteurs comme l’histoire, la géographie, l’économie et, bien sûr, la politique.
Dans notre monde contemporain, la culture englobe davantage d’éléments, allant de la langue à la cuisine, en passant par l’art, la musique, la mode, la religion et les normes sociales. Elle transcende les frontières d’un groupe ou d’une société particulière, établissant des ponts entre des individus de diverses origines, ethnies et nationalités, favorisant ainsi la communication et la compréhension mutuelle. En tant que telle, elle joue un rôle central dans le développement en tant que socle du progrès économique, politique et social. Comment ? Comme l’explique la Fondation de Mr de Lacharrière, la diversité culturelle stimule la créativité et l’innovation, les deux moteurs de la croissance économique. Sur un autre registre, il faut savoir qu’une identité culturelle forte peut aussi engendrer un sentiment de fierté et d’unité, renforçant la cohésion sociale et la stabilité politique.
Et puis la culture a aussi une mission, à savoir celle de préserver les traditions et le patrimoine, gage de la perpétuation des aspects clés de l’histoire et de l’identité d’une société. Mais elle joue aussi un rôle de catalyseur dans la remise en question du statu quo et la promotion du changement sociale. L’exemple le plus parlant à ce niveau n’est autre que celui des mouvements culturels hip-hop et punk rock, nés en réponse aux injustices sociales et politique, venus défier l’ordre établi.
S’élever au-dessus de soi
C’est tout l’objet de la culture, en cela qu’elle permet, dans sa forme la plus noble, à l’homme d’aller au-delà de sa propre existence, de s’ouvrir une fenêtre sur un monde plus vaste et plus enrichissant. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la culture n’est pas qu’une accumulation de connaissances ou de savoirs, mais un pont jeté entre soi et les autres, un moyen de communication et de rencontre avec l’autre. En effet, la culture est une aspiration à la liberté, invitant à un recul critique face aux événements, aux hommes et aux choses, s’enrichissant de sources variées comme la philosophie et l’art. Cette ouverture au monde, cette curiosité insatiable, cette prise de conscience de la complexité du réel, tout cela contribue à ouvrir l’homme sur des univers multiples : technique, artistique, scientifique et historique.
Dans son essence, la culture joue un rôle central dans l’éveil aux richesses intrinsèques de chaque environnement et de chaque individu, et par ce trait d’union qu’elle crée, elle facilite la communication et la compréhension mutuelle. Dans ce sens, la culture peut être définie comme un voyage perpétuel vers l’autre, un dialogue constant et enrichissant. En outre, elle répond également à un besoin fondamental d’épanouissement personnel, un désir profond de vivre pleinement et richement. Vous l’aurez donc compris, la culture permet à l’homme de transcender ses limites, de s’élever au-dessus de lui-même !
Par ailleurs, il faut savoir que la culture induit une responsabilité de l’homme cultivé, appelé à l’action. Car elle n’est pas un simple ornement intellectuel, mais un engagement actif dans la société, qui implique de comprendre les problèmes sociaux, culturels, économiques et politique, et d’y participer activement. En bref, l’homme éduqué et conscient est profondément impliqué dans la vie de son époque, jamais étranger ni indifférent aux questions essentielles que celle-ci pose.
Les Français et la culture
Pour un tiers des Français, potentiellement, tout peut être considéré comme culture. C’est là le principal enseignement d’une étude inédite du département des études, de la prospective et des statistiques, baptisée « Les représentations de la culture dans la population française ». Dans le détail, l’étude en question met en lumière une conception de la culture largement partagée au sein de la population, contrastant avec les lignes de fracture révélées par d’autres études sur les pratiques culturelles. Le résultat principal de cette recherche est l’existence d’une représentation commune, « transociale » de la culture en France. Cela dit, une analyse plus fine révèle non pas une, mais au moins cinq interprétations largement répandues de la culture, souvent combinées chez un même individu. Cette polysémie n’est pas seulement collective, mais aussi individuelle, ajoutée à une conception généralement tolérante de la culture.
Fait intéressant : cette approche multiple confère à la notion de culture une incroyable plasticité ! L’unique exception à cette règle est un groupe minoritaire, représentant moins de 10 % de la population, composé principalement de jeunes hommes peu diplômés, qui se distinguent par un rejet des formes classiques ou scolaires de la culture. Pour autant, ce rejet semble davantage exprimer une protestation contre leur situation difficile au quotidien qu’une réelle aversion pour la culture elle-même. En dehors de cette minorité, 90 % des répondants partagent une vision dominante de la culture, la voyant tantôt comme un ensemble d’activités ou de domaines, soit comme l’ensemble de tous les savoirs.