La guerre en Ukraine a mis en lumière une tragédie silencieuse qui se déroule bien au-delà des lignes de front : la destruction des établissements scolaires. Depuis le début du conflit, les écoles ukrainiennes sont devenues des cibles privilégiées, mettant en péril non seulement l’éducation de millions d’enfants, mais aussi leur avenir.
Aujourd’hui, on met en lumière les ravages causés par cette guerre sur l’éducation, ainsi que les efforts pour maintenir un semblant de normalité dans un contexte de chaos. A cet effet, on fait le point avec Denis Bouclon.
Des écoles ciblées en plein conflit
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, les attaques contre les institutions éducatives se sont multipliées, provoquant des dommages considérables. En effet, plus de 3.000 écoles ont été endommagées, dont 420 totalement détruites par les bombardements, selon les chiffres communiqués par le ministère ukrainien de l’Éducation et des Sciences. Cette réalité s’inscrit dans une tendance mondiale inquiétante où les établissements scolaires deviennent des cibles stratégiques lors des conflits armés.
En Ukraine, les enfants, privés de leur droit à l’éducation, se retrouvent sans repères ni espoir. Avec 5,7 millions d’élèves affectés, les salles de classe, autrefois symboles de sécurité et de stabilité, sont devenues des lieux de crainte et de désolation. La communauté internationale, à travers l’UNICEF notamment, dénonce cette violation flagrante du droit humanitaire et appelle à la protection des enfants dans les zones de guerre. En effet, les enfants ukrainiens ne sont pas les seuls à souffrir de cette situation ! Des millions d’autres à travers le monde sont également privés d’éducation en raison de conflits similaires.
L’interruption de l’éducation : un impact durable
L’impact de l’interruption de l’éducation sur les enfants vivant dans des zones de guerre est profond et durable. En Afghanistan, au Yémen, en Syrie, au Sud-Soudan, en République démocratique du Congo et en Colombie, comme en Ukraine, les enfants voient leur avenir compromis. Leurs perspectives sont non seulement limitées par la guerre, mais aussi par l’absence d’un environnement éducatif stable qui leur permettrait de se développer pleinement.
Les chiffres sont alarmants : en 2020 et 2021, plus de 5.000 attaques contre l’éducation ont été recensées à travers le monde, entraînant la mort de plus de 9.000 élèves et enseignants. En moyenne, six attaques quotidiennes contre des établissements scolaires sont signalées. Cette violence infligée aux plus jeunes, en plus d’avoir des conséquences immédiates, affecte profondément leur capacité à s’intégrer dans la société et à reconstruire leur pays une fois la paix revenue.
Une résistance à l’éducation en pleine guerre
Malgré les difficultés, l’Ukraine montre une volonté farouche de préserver son système éducatif. Les efforts pour maintenir les cours, même en ligne, ont été soutenus par des initiatives internationales telles que celles de l’UNICEF, qui a fourni un soutien vital tant sur le plan éducatif que psychologique. Près de 760.000 enfants ont ainsi pu continuer leur scolarité grâce à ces programmes, tandis que 1,7 million ont reçu une aide psychologique pour faire face aux traumatismes de la guerre.
Un mois seulement après le début des hostilités, les écoles ukrainiennes ont rouvert en ligne, et depuis septembre 2022, l’enseignement en présentiel a repris dans certaines régions, malgré les risques. Cependant, les conditions sont loin d’être idéales. Les cours sont souvent interrompus par les sirènes d’alerte, obligeant les élèves et les enseignants à se réfugier dans des abris anti-aériens. Pour beaucoup, comme pour Darija Nikolajenko, 14 ans, qui a vu son école détruite à Tchernihiv, le retour à l’école est une échappatoire face à la brutalité de la guerre, mais la réalité reste difficile à accepter.
En résumé, malgré la violence qui frappe leur pays, les Ukrainiens continuent de croire en la puissance de l’éducation pour reconstruire leur nation, soutenus par la communauté internationale qui ne cesse de rappeler l’importance de protéger l’accès à l’éducation en temps de guerre.