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Aujourd’hui, l’appellation « marabout » possède une connotation péjorative. Le mot est même devenu synonyme de « charlatan » dans le langage courant. Pourtant, il s’agit d’un titre sacré qui se mérite après des années d’apprentissage auprès de sages et de praticiens traditionnels. Que signifie réellement le terme « marabout » ? Dans quelle mesure reste-t-il pertinent de nos jours ?

Un transmetteur des traditions et des sciences ancestrales

Le terme marabout vient directement de la prononciation dialectale « mrabūt » de l’arabe « murābit ». En arabe classique, ce mot signifie « assidu », « appliqué » ou « en garnison ». Il a ainsi été utilisé pour désigner le saint homme occupant un ribāt, un couvent fortifié dans les pays musulmans. Ce type de forteresse frontalière servait à l’origine à protéger les fidèles contre les éventuelles attaques ou invasions.

Cela dit, les soldats y accueillent régulièrement des pieux musulmans de passage au cours de leurs pèlerinages. Les séjours étaient temporaires durant les premières années de l’islam. Au fil des siècles, les forteresses frontalières ont servi de refuge à des mystiques solitaires ou en groupe. Une telle pratique était devenue courante en raison du caractère excentré et souvent isolé de ces constructions fortifiées.

Historiquement, le marabout était donc le sage en garnison dans un ribāt. La vie en ascèse était propice à l’analyse des saintes écritures et des différents aspects de la religion. Ainsi, le murābit s’illustrait généralement par sa piété et sa maîtrise des principes de l’Islam. Il est aussi associé à une approche ésotérique du Coran. Cette définition de marabout reste d’ailleurs d’actualité dans les pays musulmans et arabophones.

Au sein de la société, le murābit était considéré comme un saint homme qui pouvait prodiguer d’excellents conseils aux fidèles. Diverses croyances se sont développées progressivement autour des mystiques des forteresses en raison de leur charisme et de leur isolement. Le nom a ensuite été repris par les gardiens des traditions et des sciences ancestrales en Afrique subsaharienne. Au-delà de la simple récupération, ce terme permet de marquer l’aspect sacré des mythes et pratiques traditionnelles.

Un conseiller sollicité face à des décisions importantes

Le côté péjoratif du terme « marabout » découle de son utilisation hors contexte ou abusive dans les cultures subsahariennes. De plus, le titre est souvent usurpé par des escrocs profitant de l’importance des marabouts pour les populations africaines. Il possède pourtant une portée religieuse et culturelle sur tout le continent ainsi que dans les pays musulmans.

Pour rappel, le marabout est un guide religieux vivant en ascèse dans les traditions islamiques. Il est même censé étudier la dimension ésotérique des textes coraniques pour les soufismes. De ce fait, le mystique passe nécessairement par l’apprentissage d’un autre niveau de lecture du Coran et d’une numérologie de type kabbalistique. Ce sage représente ainsi une véritable référence pour un musulman pratiquant.

Pour les pays subsahariens, le marabout est à la fois un prêtre, un juge, un conteur, un éducateur, un guérisseur… Il est en somme le gardien et le transmetteur des savoirs traditionnels. Dans les deux cas, les connaissances d’un marabout peuvent aider les membres de la communauté au quotidien. Ce guide est capable de fournir divers conseils en accord avec la religion musulmane ou les valeurs ancestrales.