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« Garimpo », c’est ainsi que les Brésiliens appellent les mines d’or sauvages, en augmentation de 46% en 2021 par rapport à 2020. On parle ici du seul territoire Yanomami, où la zone touchée par l’orpaillage illégal s’étend aujourd’hui sur plus de 3 200 hectares. Un rapport publié récemment fait état d’une avancée record du « garimpo » en 2021, qui plus est dans un climat de terreur permanente dans la plus grande réserve indigène du pays. Etat des lieux.

La plus forte augmentation annuelle de l’orpaillage illégal

Le rapport publié récemment par l’association Hutukara Yanomami tire la sonnette d’alarme : en 2021, le « garimpo » a connu sa plus forte augmentation depuis 2018, année du début des relevés. Dans ce document de plus de 100 pages qui révèlent des images prises par satellite et des entretiens avec la population locale, l’association explique : « Nous vivons le pire moment depuis que cette réserve indigène a été délimitée et homologuée, il y a 30 ans ».

S’étendant sur une superficie totale de près de 10 millions d’hectares au nord du Brésil, la réserve Yanomami abrite près de 300 000 indigènes à la frontière avec le Venezuela. Sujet à l’orpaillage illégal, le territoire est aujourd’hui le terrain de violences inouïes envers les indigènes, allant jusqu’aux viols ! De l’avis de Life ONG, le « garimpa » en territoire Yanomami est aussi la cause principale de la déforestation et de la pollution des rivières, mais aussi de l’explosion des cas de malaria et d’autres maladies infectieuses.

Destruction des forêts, terreur et viols !

Dans son rapport, l’association cite des témoignages qui glacent le sang sur le vécu des populations autochtones. En raison de la destruction de la forêt tropicale, ces dernières ont de plus en plus de mal à trouver de la nourriture. Comble de l’ironie, pour trouver un moyen de subsistance, certains sont obligés de travailler dans les mines d’or illégales en échange de repas, celles-là même qui sont la source de leurs malheurs !

Selon d’autres témoignages, il arrive que les orpailleurs, généralement liés au crime organisé, profitent de la situation pour proposer un échange abjecte aux familles affamées : leur livrer des jeunes filles pour des relations sexuelles contre de la nourriture ! Des orpailleurs qui imposent un climat de terreur permanente dont souffrent particulièrement les femmes Yanomami.

Que font les autorités ?

A ce jour, les autorités brésiliennes restent muettes et ne réagissent pas au rapport de l’association, même lorsqu’elles sont sollicitées par les médias. La seule déclaration officielle a émané des procureurs fédéraux, qui ont révélé qu’une enquête est en cours sur les allégations dudit rapport pour déposer des accusations criminelles, éventuellement. Les procureurs ont également déclaré qu’ils ont déposé un recours dont le but est de contraindre le gouvernement du pays à « reprendre les actions de protection et les opérations de police contre les orpailleurs illégaux dans la réserve Yanoami ». On espère que leur appel sera entendu…