Sélectionner une page

Depuis le 1er janvier 2025, les chirurgiens-dentistes en France ne peuvent plus s’installer où bon leur semble. Cette réforme, qui marque une petite révolution, vise à combler les déserts dentaires qui gangrènent de nombreux territoires, comme la Mayenne. Derrière cette problématique, une urgence de santé publique : comment garantir un accès équitable aux soins dentaires quand les praticiens manquent cruellement ? La réponse avec Geoffrey Migliardi !

Une urgence bien réelle en Mayenne

Sonia, habitante de la Mayenne, en sait quelque chose. Quand son dentiste est parti à la retraite sans remplaçant, elle s’est retrouvée à jongler entre patience et douleur pour décrocher un rendez-vous. « Ça fait peur de se dire qu’en 2025, on manque encore autant de dentistes », confie-t-elle. Heureusement, un service d’urgences dentaires à Château-Gontier a pu la recevoir en quelques heures.

Ces urgences, ouvertes depuis 2022, sont devenues un point de repère pour les habitants du département, le plus sous-doté des Pays de la Loire avec seulement 3,3 praticiens pour 10 000 habitants. Derrière les cinq fauteuils de ce service se cache un investissement de deux millions d’euros, une somme colossale mais nécessaire pour faire face à une demande exponentielle.

Entre talents étrangers et étudiants français

Dans ces urgences, le docteur Ferdi, dentiste irakien, illustre une des solutions mises en place pour pallier le manque de praticiens. En attendant l’équivalence de son diplôme, il est supervisé par un praticien senior. « Pouvoir exercer et aider les patients, c’est un bonheur », affirme-t-il, sourire aux lèvres. A ses côtés, des étudiants des facultés de Nantes et Rennes viennent s’immerger dans la réalité du terrain. Ces jeunes praticiens, souvent réticents à l’idée de s’installer en zone rurale, sont encouragés à considérer ces territoires grâce à des initiatives locales. « On essaie de les attirer pour qu’ils s’implantent durablement », explique Eric-Alban Giroux, directeur de l’hôpital.

Réguler pour mieux répartir

Face à ces inégalités flagrantes, une régulation nationale s’imposait. Désormais, les dentistes qui s’installent dans des zones sous-dotées, définies par l’Agence régionale de santé, peuvent prétendre à une prime de 50 000 euros, soit le double de l’aide auparavant allouée. Une carotte qui semble faire son effet auprès de certains étudiants : « C’est un plus non négligeable, vu le coût du matériel », souligne une étudiante en odontologie de Nantes. Mais si cette régulation vise à combler les vides, elle suscite aussi des craintes. « Je comprends l’idée, mais être contraint de rester cinq ans au même endroit, ça fait réfléchir », admet Zoé, étudiante en cinquième année.

Une lutte collective

Les déserts dentaires, au-delà des chiffres, reflètent un déséquilibre territorial que les pouvoirs publics s’efforcent de corriger. Si les primes financières et l’intégration de praticiens étrangers sont des pas dans la bonne direction, le défi reste immense. Entre investissements locaux, comme à Château-Gontier, et décisions nationales, l’objectif est clair : faire en sorte que chaque Français, où qu’il soit, puisse accéder aux soins dentaires dans des délais raisonnables. La route est encore longue, mais les initiatives se multiplient pour que la santé bucco-dentaire ne soit plus un luxe réservé à certains.

Le combat contre les déserts dentaires ne fait que commencer, et il est vital de ne pas s’arrêter là. Parce que derrière chaque fauteuil vide, il y a des patients en attente, des douleurs non soignées et des inégalités à réduire.