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En proie à une dette colossale de 6,4 milliards d’euros, le groupe Casino est loin d’être sorti d’affaire… Si la conclusion d’un accord de principe avec Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière, le fonds britannique Attestor et ses créanciers principaux a marqué un tournant positif, la voie vers la stabilité financière reste longue… En effet, malgré cet accord prometteur, des défis financiers majeurs attendent encore le distributeur pour finaliser sa restructuration. On fait le point !

Accord de principe pour le groupe Casino : quels enjeux financiers ?

Le 28 juillet 2023, le groupe Casino a révélé un accord de principe ambitieux pour redresser sa situation financière, alors qu’il croule sous une dette de 6,4 milliards d’euros. Cet accord prévoit une injection conséquente de 1,2 milliard d’euros, une réduction significative de la dette à hauteur de 5 milliards d’euros et la vente de ses activités en Amérique latine, chapeautées par Jean-Charles Naouri.

Etalé sur quatre ans, cet accord a été pensé pour offrir aux repreneurs un délai raisonnable pour relancer un groupe aujourd’hui en difficulté. A ce propos, une source proche du dossier précise que cet accord n’est « pas une rustine pour gérer l’urgence mais un deal qui permet de développer le business plan dans la durée ». Pourtant, ce n’est qu’une étape parmi tant d’autres. En septembre, un « accord contraignant » devra être signé avec les créanciers majeurs du Groupe, parmi lesquels figurent de grandes banques, des fonds d’investissement de premier plan et d’autres acteurs institutionnels. Le défi pour le groupe Casino ne s’arrête pas là : il lui faudra par la suite trouver le moyen de relancer son activité commerciale.

Ce n’est pas tout : pour espérer repartir du bon pied, le groupe Casino devra aussi négocier avec les détenteurs de dettes non sécurisées. Objectif : éviter des mesures judiciaires qui pourraient être déclenchées par les créanciers. Car rappelons que ces derniers sont dans une position délicate, puisqu’ils pourraient tout perdre avec cet accord de principe.

Quid du calendrier de la restructuration du groupe ?

D’ici l’automne, l’accord contraignant que le groupe Casino souhaite conclure devra obtenir le feu vert des actionnaires lors d’une assemblée générale. En octobre, une procédure de sauvegarde accélérée sera lancée pour inciter les créanciers hésitants à participer à la restructuration. Le processus devrait s’achever au premier trimestre 2024, moment où Philippe Palazzi, ex-dirigeant de Metro, prendra officiellement la direction du groupe.

Sans surprise, l’Etat jouera un rôle central dans cette restructuration, notamment en s’assurant de la robustesse du plan industriel, mais aussi de la préservation des emplois des 50 000 salariés du groupe en France. En outre, le gouvernement a suspendu une dette fiscale de 300 millions d’euros et supervisé les pourparlers avec les créanciers via le Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI). Selon une source bancaire, sans la « pression saine et belle » exercée par le gouvernement sur les banques, il y a bien longtemps que ces dernières auraient lâché le dossier…

Bercy, quant à lui, devra approuver cette opération, qui se situe dans le cadre des contrôles de fusion et des investissements étrangers. Parallèlement, l’AMF pourrait accorder une exception aux nouveaux propriétaires majoritaires, leur évitant de lancer une OPA sur le distributeur stéphanois. Pour leur part, les repreneurs, au premier rang desquels Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et Attestor, ont cherché à rassurer toutes les parties concernées, notamment en s’engageant à maintenir le siège du groupe à Saint-Etienne, à préserver les emplois, et en renforçant certaines équipes tout en convertissant des magasins détenus en propre en franchise afin d’externaliser certains coûts.